Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le pavillon des livres
23 mai 2008

La Tour Sombre

coverfr_tdt1

Aïle Pistolero, que tes jours soient longs et tes nuits plaisantes.

La Tour Sombre est la série phare de Stephen King, écrivain contemporain parmi les plus (re)connus pour sa productivité et la qualité de la majeure de ses oeuvres (certes, parfois inégales, mais pour peu qu'on accroche au style horreur/fantastique, il est un maître du genre), vendue à plus de 400.000 exemplaires à travers le monde. Ca ne paraît pas énorme dit comme cela, et pourtant ça l'est.
Et même, malgré un début d'année riche en lecture pour moi (dont aucune n'est récente, mais peu importe), cette saga est sans doute ma révélation de l'année. Pourtant, pas de véritable innovation ou révolution dans la littérature ; pas de recherche de style novatrice et bienvenue ; simplement une histoire prenante, divertissante et totalement barrée, dirigée par des personnages extrêmement charismatiques (sans vouloir spoiler, souvenez vous des noms d'Eddie et Susannah). Ca ne prend pas la tête, mais c'est sacrément bien ficelé, et le tout suffit.

L'homme en noir fuyait à travers le désert et le Pistolero le poursuivait

Tel débute le premier des sept tomes de cette fantastique saga : une phrase qui était venue à l'esprit de Stephen King alors qu'il avait lu le poème de Robert Browning, Le Chevalier Roland s'en vint à la Tour Sombre (et s'inspirer d'une si petite chose pour créer un tel truc, ça fout les boules), et qui lui inspira absolument toute l'intrigue. De son propre aveu, cette première phrase est aussi la meilleure. N'ayez pas peur, cela ne change rien au fait que le tout est excellent, bien qu'on puisse être dubitatif.
A vrai dire, je l'ai moi-même été lorsque j'ai commencé à lire la Tour Sombre. Le premier tome est, en effet, destabilisant. On y nous livre les bases pour comprendre le monde dans lequel on va évoluer mais... le tout est déjà très nébuleux et impossible à saisir ; ce qui, d'ailleurs, annonce bien la suite : les fondations de cet univers se désagrègent, et en définir les limites n'est pas faisable. Sachez juste que tout est possible (même les choses les plus folles). Et c'est bien là le problème, car malgré le fait que ce soit le livre le plus court de la saga (200 pages), on les sent bien passer, et elles semblent rapidement avoir été inutiles. Notez la nuance.
En clair, c'est le tome le moins claire de la série, peut-être parce que l'univers ne nous est pas encore familié ; et qu'il ne prend pas le temps de tout expliquer. La fin est trop spirituelle pour que j'y ai réelement trouvé mon compte, mais heureusement pour moi que je ne me suis pas arrêté là. Ô que non.

Car c'est là qu'arrive le deuxième tome, et son premier délire ultra travaillé et jamais vu. Toujours sans rien spoiler (ce n'est pas le but de l'article ^^), souvenez vous d'un mot : porte. King en revient à un style qui lui est familié et qu'il a l'habitude de manier, et ça se ressent grandement.
On saute de moments dingues en moments fous, parfois temporisés, avec des fins de tomes quelques fois frustrantes, mais toujours plus inventifs, plus osés. Y a pas à dire, mais en arrivant aux dernières pages des Loups de la Calla (comme toujours : NO-SPOIL !), on se dit que l'auteur est vraiment burné pour faire un tel truc ; pour aller aussi loin.
Et plus ça avance, plus on prend son pied, plus on trépigne, plus on prend conscience du truc excellent qu'on tient entre les mains.

« La Tour Sombre est la Jupiter de mon imagination »

Tu l'as dit foubbi. Quoique vu la métaphore astrophysique qui est employée ici, j'aurais tendance à dire que la Tour Sombre est son Soleil : au centre de tout. Ca semble pompeux, mais c'est vrai. Tant au nombre de références internes (c'est-à-dire, références à toutes ces oeuvres ; qui paraissent tout d'un coup comme des essais, des expérimentations et des échauffements avant LE livre) qu'au nombre de références externes (petit conseil : révisez vos classiques *), passant par la musique aussi bien que la littérature, le cinéma, la religion etc. Un melting-pot de ce qu'aime particulièrement King, et ça saute aux yeux tant on voit qu'il a pris son pied à écrire sa saga.

Et puis, c'est l'un des rares romans du monsieur qui ne verse pas dans l'horreur. Il y a certes quelques passages peu ragoûtants (Aragog, va te rhabiller, t'as trouvé plus gerbante que toi !) et des descriptions de fusillades (moments culminants des bouquins, toujours très courts mais aussi intenses à souhait) qui n'hésitent pas à parler des morceaux de cervelles virvoltants. Mais pas aussi dérangeant qu'il a pu le faire dans Ca ou Simetierre. Et même, s'il y a une scène qui m'a presque dégoûté tant elle était crade, cela n'empêche pas de continuer à lire, pour les personnages, pour l'histoire, pour tout.

« Ne pose pas de questions bêtes ! Je ne jouerai pas à ces jeux bêtes ! »

Verdict ? Cette saga est une véritable bombe. A retardement, certes, mais cela ne l'empêche pas d'être énorme et surdimensionnée. On nous promet sur la pochette le roman le plus ambitieux de l'auteur, et c'n'est pas d'la bullshit (comme diraient nous amis québecois) !
Ce n'est pas le livre du siècle, ça n'a aucune prétention d'avoir un contenu philosophique (mais ça amène un questionnement sur la relation entre l'écrivain et son oeuvre), mais c'est jouissif, c'est osé, c'est couillu, c'est extatique. On aime ou pas ; moi j'adore.

*Je remercie à ce propos Tyranha qui m'a permis de revoir Le Magicien d'Oz ce premier de l'an, ce qui m'a permis de mieux m'imprégner d'un passage absolument hilarant (pour les répliques d'Eddie) et fantastique.

Publicité
Commentaires
Le pavillon des livres
Publicité
Derniers commentaires
Publicité